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Les résonances de l’amour [Publié le 2004-05-18 11:24:44]

Retour à Anne Philipe


Les résonances de l’amour

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Du printemps à l’automne, entre deux équinoxes, au bord de la Méditérannée, deux femmes et un homme arrivent à un moment crucial de leur existence. Pour Louise, qui essaie d’écrire une histoire qui fut la sienne, c’est le temps du doute, de l’incertitude. Pour Cécile, atteinte d’un cancer, c’est l’imminence de la mort. Pour Adrien, la naissance d’un nouvel amour.

A eux trois, ils présentent des façons d’être qui peuvent avoir été les nôtres, à quelque moment. La nature et son harmonie, le calme miraculeux des heures nocturnes, les arbres et la mer aident Anne Philipe à approfondir la méditation qui a toujours été la sienne. Elle sait ménager le silence, pour surprendre l’instant o๠naissent les choses, le premier regard entre deux êtres qui vont s’aimer, le moment o๠le souvenir remplace le bonheur. Mais Louise, Cécile, Adrien sont bien d’aujourd’hui. C’est avec une sensibilité contemporaine qu’ils affrontent les problèmes de l’amour, de la séparation, de la souffrance.
Une musique s’élève de ces pages, de leur balancement entre la nostalgie et la réalité.

"Le mot "amour" comme le mot "Dieu", évoque l’absolu, l’infini... une perfection qui est, qui doit être là partout o๠son règne arrive..."

N. Sarraute

p. 12 éditions Gallimard

"Aujourd’hui, tout en l’écoutant elle pense à ce qu’elle écrira cette nuit. Sur la table, alle aligne les tempos, les ciseaux, la gomme, le papier collant, elle oriente la lampe qui ne sera allumée que plus tard. Il lui arrive de s’endormir en oubliant de l’éteindre ; ces jours-là , quand elle se réveille, le soleil dessine sur son lit des règles d’or blanc parallèles et identiques qui se prolongent sur les tommettes et qu’elle efface en ouvrant les volets.

Cahque fois qu’approche l’heure o๠elle devra commencer à écrire, elle marche à travers la pièce, accomplit des gestes inutiles jusqu’au moment o๠elle se décide à préparer les feuilles blanches qu’elle touche avec superstition, en espérant se les rendre favorables ; elle rêve de mots invisibles, inscrits par un dieu bienfaisant, et qu’elle ferait apparaître à force de caresser la feuille vierge.

p. 15

"Depuis plusieurs mois, Louise essaie d’écrire l’histoire d’un amour du premier jusqu’au dernier regard ; elle l’écrit par morceaux, le plus souvent en remontant le temps. Il lui est plus facile d’avancer à reculaons. Après , se dit-elle, quand j’aurai fini, je le reconstruirai, j’en ferai un récit continu, composé d’une seule voix adressée à l’aimé. Jusqu’à ce jour, elle n’a pas été capable d’écrire la naissance de l’amour, ce qu’elle appelle le premier regard. Ce moment o๠le désir, l’attirance, l’admiration ou l’amitié amoureuse explosent et deviennent amour. Un moment sacré , aussi irrévocable que la fusion de l’ovule et du spermatozoà¯de.Fécondation, pense-t-elle ; un autre mot lui répond qui a presque la même consonance, c’est pour cela peut-être qu’il lui vient : révélation ; elle l’emploie rarement, elle le note dans son carnet et continue à réfléchir... Regarder l’autre et penser je vais l’aimer, c’est déjà l’aimer... Elle n’arrive pas à donner forme à ce qu’elle veut dire : le vertige , la vertitude que votre vie est en train de se jouer, le bonheur et la peur, le sentiment de liberté et la dépendance nouvelle, l’arrêt du temps et le défilement des idées à la vitesse du son."

p. 21

"Jamais cette scène ne s’était passée et pourtant elle lui paraît vraie. Est-ce le duo des rossignols dans l’unique platane et la chambre o๠, maintenant, elle écrit, étendue sur le lit en regardant la table et la machine Smith - Corona, qui lui ont inspiré cette phrase ? Elle s’attarde au bord du sommeil et le vrai souvenir revient ils marchent dans une longue allée de platanes non taillés, les rossignols et les merles chantent, le soleil est couché mais les taches alternées sombres et claires sur les troncs ressemblent à s’y méprendre aux jeux de la lumière. Ils se promènent en silence. Eelle est revenue du long voyage, leur séparation a duré plus d’un an. Ils se vouvoient encore. Il n’a rien demandé, elle n’a posé aucune question. "Je crois que je vous aime. Est-ce que vous pouvez envisager de vivre avec moi ? - Oui. Je vous aime", a-t-elle dir.

Ce fut ainsi."

p.47

" A cette heure, Cécile observe la mer. Il est rare, les jours de très beau temps que le vent se lève aussi tôt. Simon est parti vers la pleine mer, Cécile le suit à la jumelle et se dit qu’elle n’a jamais aimé ainsi, sans rien attendre, sans rien exiger.

La première fois qu’elle le tint dans les bras, il avait quatre mois."

p. 79

"J’aurais pu te dire "Je sais", tu aurais apprécié mon intuition, mais je ne le fis pas. Quand je me décidai à ouvrir les yeux tu étais là ainsi que je l’avais senti, à l’affà »t, bien qu’allongée et les yeux presque fermés : "J’aime un autre hormme."

Je n’ai posé aucune question. Tu as pris mon bras et tu as pleuré sur mon épaule. Je crois que tu étais soulagée, tu t’estimais courageuse. Les choses étaient dites. Toutes les possibilités traversaient mon esprit : Me tuer tout de suite. Nous tuer. Partir immédiatement. Oublier ce que tu venais de dire et attendre que tu t’en ailles.

" J’ai été lâche, dit à voix haute Adrien, j’aurais dà » la quitter immédiatement, le jour même de mon retour à Paris. MAis je l’aimais et j’aimais notre amour."

p. 94

"Les amours comme les civilisations se construisent en assassinant ce qui les a précédé ; c’est à cela qu’il songe en traversant la chambre pour s’étendre sur le lit.

Au moment de leur séparation, Adrien pour survivre avait rompu avec tout ce qui était lié à Marianne : il avait renoncé à Jérôme, abandonné la musique, la maison rose, l’appartement. Il avait voulu partir nu, sans un meuble ou une valise, fuyant tout ce qui évoquait la douceur et l’immobilité heureuse. C’est alors qu’il avait découvert les plages du Nord, les promenades sur le sable dans la pluie et le vent, qu’il était devenu un médecin attentif à ses malades ; par eux il était entré de plain-pied dans d’autres drames que le sien : la mort, la pauvreté, la maladie mutilante qui entraîne les ruptures d’amour.

Aujourd’hui parce qu’il est heureux par l’amour de Laure, il est convaincu que le désespoir, au même titre que le bonheur, fait naturellement partie de la vie. Il n’en veut plus à Marianne. "Elle a eu raison de me quitter, et Louise et Cécile ont bien fait de ne jamais accepter le compromis", se dit-il.

QUi est l’homme que Laure abandonne ? Il y pense souvent, peut-être qu’il le connaît et le croise dans les couloirs ? Lui, pendant des années, nuit et jour avait été poursuivi par l’image inconnue de l’amant de Marianne. Elle s’était refusée à toute confidence.

p. 142

"Ai-je aimé ? Ai-je été aimée ? Elle voudrait entendre la voix de Julien, s’en souvenir. Tenir une preuve. Les mots, elle se les rappelle : "C’est moi. Vous allez bien ? Vous travaillez ? Il fait beau à Paris. Je suis allé trois jours au bord du lac, je voulais vous le dire..." Sa voix traversant la moitié du monde, deux minutes de sa voix à mon oreille parce qu’ilavait dit un chiffre et le nom d’une ville à une téléphoniste sans visage. C’était le bonheur. Tout était miracle : nous existions. Nous nous étions, par une suite de hasards et de coà¯ncidences extraordinaires dans la multitude des possibles , trouvés sur la terre, êtres humains, en même temps, nous nous étions rencontrés un certain jour à une certaine heure. Et aimés. "Je voudrais une preuve", murmure-t-elle. "

p. 172

Etais-je ainsi ? Vient-elle de rompre avec quelqu’un pour rejoindre Adrien ? Les femmes osent donner de grands coups de couteau dans leur vie, tandis que les hommes juxtaposent ; ils disent : "Je vous aime aussi, c’est différent, un autre amour." La femme lance : "Je vous aime" "Je ne vous aime plus."

"Je voudrais un enfant de toi, dit Laure. Je n’ai jamais demandé cela à personne."


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