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3- Parents, Lycéens, Article pédagogique, Pratiques pédagogiques, [Publié le 2004-05-22 11:53:37]

Retour à Café pédagogique n° 50


La page des parents
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 François Jarraud -
 A la Une : Choix d’établissement : stratégies et débrouilles familiales...
"Même très républicains, les parents sont de plus en plus nombreux à vouloir échapper aux contraintes de l’Education nationale, telles que la carte scolaire... Le plus piquant, c’est que ces mêmes parents, un brin schizophrènes, sont ceux qui crient le plus fort aux vertus de l’égalitarisme et du mélange. Déchirés entre un amour immodéré de la mixité sociale et la trouille de l’avenir, ils préfèrent, tout bien réfléchi, être bons parents que bons citoyens". Le Nouvel Observateur du 13 mai publie une savoureuse enquête sur la débrouille des parents pour échapper à la carte scolaire et diriger leurs enfants vers les "bons " établissements. Le magazine décrit tous les trucs : choix d’options, vrai ou faux déménagement, voir "colonisation" concertée d’établissement par des commandos de parents angoissés. Ces récits parfois cocasses font quand même réfléchir sur l’évolution du système éducatif. Bien tolérées quand elles n’étaient utilisées que par une élite, les stratégies de contournement de la carte scolaire gênent peut-être davantage maintenant parce qu’elles sont utilisées beaucoup plus démocratiquement par des ménages plus modestes, ce qui accélère la ségrégation scolaire. Il reste maintenant à inventer des solutions qui répondent aux angoisses des parents.
http://www.nouvelobs.com/articles/p2062/a240945.html
http://www.cafepedagogique.net/disci/article/

 Vie scolaire

Réviser les examens gratuitement
Lycéens et parents sont-ils condamnés à faire appel à de coà »teuses officines privées ou à des amateurs inefficaces pour aider à la préparation des examens ? Des solutions gratuites et fiables existent. Le dossier Bac Brevet 2004 du Café pédagogique recense les meilleurs sites gratuits pour trouver des cours, travailler ses méthodes et s’auto-évaluer en vue des examens. Tous ont été sélectionnés par des enseignants.
http://www.cafepedagogique.net/dossiers/bb2004/

Nouvelles plaintes contre le manque d’enseignants
"Nous sommes très inquiets pour nos enfants, car si cela doit se renouveler les années suivantes, ils vont arriver en 3e avec des pans entiers des programmes qu’ils n’auront pas étudiés et cela risque de durement les pénaliser". Pour cette élue FCPE, le non remplacement des enseignants absents met en danger la scolarité des enfants. S’appuyant sur une récente jurisprudence, des parents de la région toulousaine ont porté plainte contre l’Etat.
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_040505162849.8yf8mhq7.html

Une nouvelle circulaire sur la laà¯cité
La nouvelle mouture du texte interdit "les signes et les tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse", c’est-à -dire "ceux dont le port conduit à se faire immédiatement reconnaître par son appartenance religieuses, tels que : le voile islamique, quel que soit le nom qu’on lui donne, la kippa, ou une croix de dimension excessive". Le "couvre-chef" disparaît donc du texte. La circulaire rappelle l’obligation de dialogue et prévoit des contacts entre les recteurs et des "tiers intéressés", comprenez des représentants religieux. Le nouveau texte, d’après Le Monde, aurait reçu l’accord du principal syndicat de chefs d’établissement. Il leur incombera pourtant de définir ce qu’est une tenue religieuse...
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-364245,0.html

La FCPE salue la généralisation de la gratuité des manuels dans les lycées
La FCPE se réjouit que "la grande majorité des conseils régionaux va assurer le financement des manuels scolaires en lycée". Pour autant, l’association de parents d’élèves y voit l’abandon de l’Etat : " Les Régions pour répondre aux légitimes demandes des parents sont aujourd’hui conduites à pallier les carences de l’Etat qui n’a jamais voulu financer la gratuité des manuels scolaires pour les lycéens comme il le fait pour les collégiens".
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=360

La PEEP reçue au ministère
"La PEEP a attiré l’attention du ministre sur les problèmes liés au non remplacement des professeurs absents, problème récurrent que nous dénonçons depuis des années et qui pénalise lourdement les élèves. La continuité de l’enseignement doit être assurée et des solutions mises en oeuvre dans l’intérêt de tous les enfants". Reçue au ministère le 12 mai, l’association de parents d’élèves a invité également le ministère à développer une campagne d’incitation des parents à participer aux élections scolaires.
http://www.peep.asso.fr/Flash04/flash15.htm

La FCPE condamne la convention signée avec la Justice
"L’école serait-elle devenue incapable de sanctionner en son sein les incivilités, les dégradations, les tags, les injures, les bagarres... ? N’a-t-elle plus confiance en elle-même ? Ou est-elle en train de démissionner ?". Quelques jours après la signature d’une convention entre le rectorat et le procureur de la République de Paris, la FCPE dénonce la "démission de l’école". "S’il est normal de faire appel aux services de police et de déposer plainte pour des délits graves, il est inquiétant que les établissements soient dans l’obligation de signaler le moindre incident au procureur".
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=358

Un collège parisien occupé par les parents
"On a déjà perdu 20 heures hebdomadaires en 2003. En septembre, nous perdrons des heures de soutien, des possibilités de dédoublement de classe en langues vivantes, en technologie et sciences. Et l’intégration de la classe des élèves handicapés dans les cours classiques va être très difficile." Pour protester contre cette baisse de moyens, les parents FCPE du collège Le Tac , dans le 18ème arrondissement, occupent l’établissement depuis deux mois. Le Monde analyse un conflit qui s’éternise.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-363503,0.html

La FCPE mobilise contre le transfert des TOS
La FCPE appelle ses élus à proposer aux conseils d’administration d’établissement le vote d’une motion contre le transfert des personnels ATOS.
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=361

Violence scolaire : la FCPE craint des dérives
24 heures après la signature de la convention entre le Rectorat et le Parquet de Paris, la FCPE de Paris "apprécie la mise en place d’un dispositif destiné à prévenir l’évolution péjorative du comportement de certains jeunes". Mais l’association de parents d’élèves déplore que la convention ne distingue pas entre les infractions et "redoute de probables dérives".
http://www.fcpe75.org

 Les jeunes

Un jeune sur vingt proche de l’illettrisme
"Près de 10% de l’ensemble des jeunes évalués ont des difficultés réelles de compréhension et la moitié d’entre eux sont dans une situation qui pourrait déboucher sur l’illettrisme". Une étude ministérielle étudie les résultats des tests réalisés lors de la Journée d’appel et de préparation à la défense (JAPD), suivie maintenant par tous les jeunes de 17 ans. Elle trace le portrait de ces 4,6% de jeunes en graves difficultés. Les deux tiers sont des garçons et les régions du Nord Pas-de-Calais et de Picardie sont fortement représentées. Rappelons que la JAPD ne concerne que les citoyens français ce qui pousse les chiffres plutôt vers le bas.
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/noteeval/eva0407.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html

250 millions d’enfants travaillent
246 millions d’enfants sont forcés de travailler. Les éduquer ne coà »terait que 11 milliards de dollars, une somme relativement faible. Selon Le Monde, un appel est lancé par une ONG indienne et des syndicats italiens, avec le soutien d ’organisations internationales (OIT, Unicef), pour les libérer de ces travaux forcés.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3220,36-364333,0.html

 Société

Etre parent dans les nouveaux états européens
à« Quand j’étais enfant, ma mère me disait de ne pas croire ce qu’on me racontait à l’école, mais de faire semblant d’y croire à ». Ce témoignage d’une jeune Tchèque illustre la place de la famille dans les anciens pays communistes. à« C’était le lieu o๠se vivait une liberté d’expression inconnue ailleurs. Tout ce qu’on ne pouvait pas dire à l’extérieur, on le disait en famille le soir entre nous à ». Au moment o๠certains de ces états entrent dans l’Union, La Croix fait le portrait des familles est-européennes. Décriée par l’idéologie officielle, la famille est sortie renforcée.
http://www.la-croix.com/Act/Par/

Toujours responsables ?
" Les enfants sont les symptômes des parents" disait Françoise Dolto. C’est aussi ce que donne à penser le livre d’Aldo Naouri, analysé par Le Monde du 4 mai. "Je ne me serais jamais lancé dans la rédaction de cet ouvrage si le père, n’était pas en passe de proprement disparaître" affirme le pédopsychiatre. Ce à quoi un confrère lui répond : "De manière générale, on assiste depuis quelque temps, de la part des milieux éducatifs ou psychologiques, à une incrimination systématique des parents dans le développement affectif des enfants, et toujours dans le mauvais sens ! La tendance est toujours de pointer l’aspect négatif de la relation entre les parents et les enfants : on fait une sorte de liste de ce qui ne va pas entre eux, et on ne construit rien autour parce qu’on ne s’occupe pas de ce qui va bien.". Alors responsables ou irresponsables, les parents ? Toujours accusés..
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-363527,0.html

Jouer pour apprendre les dangers de la maison
Chaque année des milliers d’enfants sont victimes d’accidents domestiques plus ou moins graves : brà »lures, chutes, intoxications etc. L’Institut National de la Consommation a eu la bonne idée de réaliser un jeu multimédia gratuit "Dans la maison de Théo et Léa". Il s’adresse aux enfants de 3 à 6 ans.. et à leurs parents et permet de découvrir les risques liés à la cuisine, la salle de bain, la chambre etc.
http://www.inc60.fr/page/bases.4_education.9_securite_domestique./

Le Printemps bio
Du 6 au 16 mai, un millier d’actions feront connaître l’agriculture biologique aux petits et aux grands. Ainsi, à Paris, c’est une ferme bio qui accueillera les enfants à partir du 8 mai en journée. Le printemps bio c’est aussi de dégustations, des portes ouvertes, des rencontres avec des élèves un peu partout en France.
http://www.printempsbio.com/

Pour la discrimination positive ?
"La discrimination économique socio-économique est essentielle car l’égalité de traitement conduit à renforcer les inégalités. Il n’est plus possible de croire que l’égalité s’obtiendra par l’égalité : l’égalité doit être le résultat, plus le moyen. Cela suppose de repenser les aides de l’Etat-providence dans un sens réellement sélectif pour qu’elles soient mieux (ré)orientées vers les plus démunisé". Dans une tribune accordée à Libération, Eric KESLASSY plaide pour un Etat interventionniste.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=202579

La FCPE Paris se mobilise pour des enfants tchétchènes
Quatre enfants tchétchènes scolarisés à Paris sont menacés de reconduite à la frontière. Pour les soutenir, la FCPE Paris appelle à une réunion d’information le 25 mai. La FCPE demande une étude bienveillante de leur demande d’asile politique.
http://www.fcpe75.org

La page lycéens
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 François Jarraud -
 A la Une : Réviser les examens gratuitement
Lycéens et parents sont-ils condamnés à faire appel à de coà »teuses officines privées ou à des amateurs inefficaces pour aider à la préparation des examens ? Des solutions gratuites et fiables existent. Le dossier Bac Brevet 2004 du Café pédagogique recense les meilleurs sites gratuits pour trouver des cours, travailler ses méthodes et s’auto-évaluer en vue des examens. Tous ont été sélectionnés par des enseignants.
http://www.cafepedagogique.net/dossiers/bb2004/

 Au lycée

Des lycées du Nord et des Landes remportent le concours Jeunes citoyens reporters
Organisé par la chaîne télévisée "Public Sénat", le Clemi et le ministère de l’éducation nationale, le concours Jeunes citoyens reporters invitait les lycéens à réaliser un reportage de 3 à 6 minutes sur le thème de la solidarité. Près de 200 équipes ont participé au concours. Jeudi 13 mai, les lycées Emile Zola de Wattreloos et Jean-Baptiste Corot de Douai ont reçu le premier prix. Le lycée Cassaigne de Saint-Pierre-du-Mont (Landes) obtient le prix spécial du jury. L’opération sera reconduite en 2005 a promis le ministre.
http://www.public.senat.fr

Une nouvelle circulaire sur la laà¯cité
La nouvelle mouture du texte interdit "les signes et les tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse", c’est-à -dire "ceux dont le port conduit à se faire immédiatement reconnaître par son appartenance religieuses, tels que : le voile islamique, quel que soit le nom qu’on lui donne, la kippa, ou une croix de dimension excessive". Le "couvre-chef" disparaît donc du texte. La circulaire rappelle l’obligation de dialogue et prévoit des contacts entre les recteurs et des "tiers intéressés", comprenez des représentants religieux. Le nouveau texte, d’après Le Monde, aurait reçu l’accord du principal syndicat de chefs d’établissement. Il leur incombera pourtant de définir ce qu’est une tenue religieuse...
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-364245,0.html

 Hors les murs

Un jeune sur vingt proche de l’illettrisme
"Près de 10% de l’ensemble des jeunes évalués ont des difficultés réelles de compréhension et la moitié d’entre eux sont dans une situation qui pourrait déboucher sur l’illettrisme". Une étude ministérielle étudie les résultats des tests réalisés lors de la Journée d’appel et de préparation à la défense (JAPD), suivie maintenant par tous les jeunes de 17 ans. Elle trace le portrait de ces 4,6% de jeunes en graves difficultés. Les deux tiers sont des garçons et les régions du Nord Pas-de-Calais et de Picardie sont fortement représentées. Rappelons que la JAPD ne concerne que les citoyens français ce qui pousse les chiffres plutôt vers le bas.
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/noteeval/eva0407.pdf
http://www.adobe.fr/products/acrobat/readstep2.html

250 millions d’enfants travaillent
246 millions d’enfants sont forcés de travailler. Les éduquer ne coà »terait que 11 milliards de dollars, une somme relativement faible. Selon Le Monde, un appel est lancé par une ONG indienne et des syndicats italiens, avec le soutien d ’organisations internationales (OIT, Unicef), pour les libérer de ces travaux forcés.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3220,36-364333,0.html

Article pédagogique : Claude Lelièvre : Définir un socle commun de connaissances pour le XXIème siècle
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 Claude Lelièvre -

Dans le cadre du "Grand débat "sur l’Ecole, et au cours même de la rédaction de à« L’Ecole obligatoire : pour quoi faire ? à », quelques points nodaux se sont imposés. Ils seront ici simplement énoncés ( mais ils sont longuement développés dans cet ouvrage paru aux éditions Retz en mars 2004 ).

Les deux premiers, originels mais toujours décisifs, concernent la définition de ce que l’on doit assurer au moins à chacun à la fin de la scolarité obligatoire.
L’instauration de la République et du suffrage universel dans la deuxième moitié de XIXà° siècle induisent que le programme de l’enseignement obligatoire doit renfermer dorénavant à« tout ce qui est nécessaire au développement de l’homme et du citoyen tel que les conditions actuelles de la civilisation française permettent de le concevoir [...]. Puisque la libre volonté des citoyens doit désormais imprimer au pays sa direction, c’est en effet de la bonne préparation de cette volonté que dépendront le salut et le bonheur de la France à » ( projet de loi Carnot de 1848 ).

Redéfinir une culture de base

Par ailleurs, le même retour à l’origine montre à l’évidence que l’Ecole obligatoire n’a vraiment de sens que s’il existe une définition claire de l’instruction obligatoire, une définition réglée à partir du principe énoncé par Jules Ferry lui-même : à« Ne pas embrasser tout ce qu’il est possible de savoir, mais bien apprendre ce qu’il n’est pas permis d’ignorer à ».

Pour des raisons complexes, cela a été perdu de vue tout au long de la Cinquième République ; des repères essentiels se sont effacés, et il apparaît désormais urgent de régler à nouveau cette question en prenant bien en compte que nous sommes aussi dans une situation nouvelle. Ce n’est en effet pas par hasard que la question de la redéfinition d’une à« culture de base à » ou d’un à« socle commun de connaissances et de compétence à » revient de façon récurrente, de plus en plus obsédante depuis une vingtaine d’années. Le problème du "collège unique" ne peut recevoir une solution positive que dans cette réflexion d’ensemble d’une redéfinition globale de la scolarité obligatoire.

Il faut donc en revenir aux à« fondamentaux à », sans retour en arrière ou "nostalgie" déplacée d’ailleurs. Certes, indubitablement, au à« lire, écrire, compter à » ; mais ce serait le comble qu’on en reste là , alors que Jules Ferry lui-même considérait que son Ecole républicaine différait précisément de celle de l"Ancien régime" en ce qu’elle incluait en plus d’autres matières. Lesquelles ? Tout est là , et jusque o๠?

La culture scolaire commune, "générale", a historiquement été centrée d’abord sur les humanités puis sur les sciences et les mathématiques ; elle a jusqu’ici laissé à la marge les sciences humaines et sociales entendues au sens large ( y compris l’économie et le droit, désormais si prégnants dans la vie publique et politique aussi bien que dans la vie privée ) et la technologie pour tous.

On ne saurait trop souligner par ailleurs combien une maîtrise minimale par chacun des technologies de l’information et de la communication apparaît désormais comme incontournable et devrait être partie intégrante de ce socle commun de connaissances et de compétences. D’abord parce que peu d’emplois échappent désormais à l’utilisation de l’ordinateur. Ensuite parce que la "formation tout au long de la vie" est susceptible de se développer sous des formes d’enseignement à distance, faisant largement appel à Internet et demandant une maîtrise minimale des TIC. Enfin dans la perspective d’une citoyenneté moderne, puisque internet ( gigantesque forum planétaire ) véhicule un flux quasi-infini d’informations non contrôlées : l’exigence d’une mise à distance et d’un regard critique s’avère dans ce domaine le minimum auquel on doit éduquer le futur citoyen.

Il ne s’agit pas, en effet, d’établir une culture pour les "pauvres"

En définitive, il y a sans doute lieu d’opérer un rééquilibrage, au moment même de la redéfinition nécessaire de la culture scolaire de base à assurer à tous et à chacun au seuil de ce troisième millénaire. Mais cela engage avec d’autant plus de détermination à préciser ce qui peut être fondamental dans les apports de chaque discipline ou corps de connaissances ou de compétences retenus.

La diversification accrue de la culture scolaire de base et la recherche du fondamental ne sont pas nécessairement contradictoires, bien au contraire. Il ne s’agit pas, en effet, d’établir une culture pour les "pauvres", une "culture pauvre", mais de rechercher et de décider ce qui est basique pour une culture de notre temps, pour la culture de tous. La définition précise d’une "culture plancher" et la diversification des recours à des "champs disciplinaires" différents vont dans le même sens à condition de limiter rigoureusement leurs apports à à« ce qu’il n’est pas permis d’ignorer à », à ce qu’il n’est plus permis d’ignorer.

Il y faut simplement du courage intellectuel et politique. Mais c’est peut-être ce qui manque le plus.

Claude Lelièvre,
professeur d’histoire de l’éducation à la Faculté des Sciences humaines et sociales-Sorbonne ( Paris V ), membre de la Commission dite "Thélot" sur à« l’avenir de l’Ecole à ».

Derniers ouvrages parus :
à« Les politiques scolaires mises en examen. Douze questions en débat à » ; éditions ESF, 2002, 210 pages.
à« L’Ecole obligatoire : pour quoi faire ? Une question trop souvent éludée à », éditions Retz, mars 2004, 140 pages.

Pratiques pédagogiques : "Le premier gain pédagogique de cette expérience c’est d’améliorer la communication entre les profs, les élèves et les parents" - Entretien avec Sylvie Mignardot
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 François Jarraud -

Depuis la rentrée 2003, six collèges isérois expérimentent le cartable électronique savoyard. Le Conseil général d’Isère a distribué 350 ordinateurs portables aux collégiens et enseignants. Ils sont accompagnés de quelques logiciels pédagogiques, d’outils bureautiques et donnent accès à Internet. Au centre du dispositif la plate forme développée par l’université de Savoie. Prof de maths, Sylvie Mignardot coordonne la mise en place du cartable dans son collège de Tullins.

FJ- Plusieurs collectivités locales ont équipé des élèves avec des ordinateurs. Une particularité du "cartable électronique" isérois c’est d’avoir mis l’accent sur la communication et de s’appuyer sur une plate forme et des accès Internet pour les familles. Comment utilisez vous la plate forme ?

SM- Nous disposons sur la plate forme d’outils qui permettent aux profs de travailler avec l’élève en classe et à la maison. Chacun d’entre nous voit son autonomie pédagogique respectée même si les collègues évoluent parfois sous la pression des élèves. Ainsi nous bénéficions d’un cahier de texte électronique. C’est certainement l’outil qui demande le moins d’investissement à l’enseignant car ce n’est pas une nouvelle pratique. Les élèves l’apprécient aussi car ils sont sà »rs des devoirs qui sont à faire à la maison. Il permet également d’envoyer un travail différent à chaque élève : nous pouvons donc adapter les activités données aux élèves en fonction de leur niveau, fournir un fichier d’aide à certains, demander un travail plus complet à d’autres. Par exemple en français, la collègue adapte des travaux en fonction des élèves. La plate forme nous aide à personnaliser le travail. La messagerie intégrée va dans le même sens : faciliter le suivi et rompre l’isolement.

FJ- Donne-t-elle également la possibilité de faire des travaux ou de communiquer en groupe ?

SM- Nous pouvons créer des forums : Ils sont utilisés pour débattre autour d’un thème donné (en français par exemple). En maths, le forum m’a permis de faire bâtir par les élèves des fiches de géométrie : par exemple "comment démontrer que des droites sont parallèles". Les élèves ajoutent les propriétés qu’ils connaissent à la fiche qui évolue ainsi au fur et à mesure que nous avançons notre programme de géométrie en classe. Ils peuvent utiliser ces fiches pour faire leur exercice en classe. Je pourrais créer ces fiches avec d’autres outils et en faire des documents plus attrayants mais ce qui m’intéresse c’est d’impliquer les élèves. C’est un exemple d’activité que nous n’avons pas le temps de gérer en classe habituellement et que la plate forme nous permet de réaliser en asynchrone. Nous utilisons également ces forums pour organiser des corrections : après un contrôle les éleves sont invités à rédiger la réponse qu’ils ont fournie à une ou plusieurs questions : le prof vérifie et laisse en ligne dans ce forum plusieurs réponses satisfaisantes. Les élèves ont ainsi à leur disposition différentes formulations exactes. Là encore elle permet un gain de temps en classe et dynamise le travail de correction si facilement rébarbatif.

Quant au travail de groupe, il est facilité et effectué en partie en asynchrone. Les élèves effectuent des recherches, les déposent dans un dossier commun et peuvent ensuite produire un document correspondant à la demande du prof. Par exemple, en physique, ils travaillent actuellement sur le système solaire en groupe. Ils font des recherches sur les différentes planètes et devront ensuite organiser ce travail sous forme de diaporama. On est surpris de constater que des élèves jugés peu scolaires par les profs sont très actifs à la maison.

FJ- La plate forme est-elle utilisée en classe ?

SM- Oui, nous l’avons d’abord utilisée en classe avant de nous en servir pour communiquer .Nous en faisons alors un usage habituel, à savoir intégrer dans une séquence de cours une activité utilisant un logiciel pédagogique . Comme les élèves possèdent un PC chacun, on peut faire du travail personnel et non par groupe de deux comme dans une salle informatique classique. C’est très important. Cela donne la possibilité de valider des compétences du B2i et d’avoir un réel travail personnel. En maths je peux utiliser le tableur et Cabri géomètre pour conjecturer par exemple. En langues les élèves utilisent le magnétophone de l’ordinateur. En Français, histoire-géographie ou SVT, les collègues créent des fiches avec des liens sur Internet pour amener les élèves à faire des recherches guidées. En technologie, le prof utilise les logiciels installés sur les portables qui sont les mêmes que ceux installés en salle info. Mais tout cela se lie avec l’outil de communication. Les élèves m’envoient les exercices à la maison et je prépare un document avec plusieurs propositions d’élèves (différentes présentations, rédactions, analyses d’erreurs...). Je peux aussi demander à un élève de rédiger la synthèse à la maison et de la partager.

Nous sommes en début d’expérimentation et les pratiques évoluent rapidement. Les collègues au vu des outils disponibles imaginent des pratiques et des séquences pédagogiques. A l’inverse nous demandons à l’équipe des concepteurs de la plate forme de développer de nouveaux outils ou de les transformer en fonction de nos besoins. Par exemple nous leur avons demandé de réfléchir à un nouveau support visant à faciliter le travail collaboratif tout en gardant tout l’historique de la production.

Au bout du compte, cela change la relation profs-élèves. Les élèves sont moteurs et amènent les profs à évoluer. Le premier gain pédagogique de cette expérience c’est d’améliorer la communication entre les profs, les élèves et les parents.

FJ- Pourtant souvent les outils informatiques sont d’abord utilisés pour "rajeunir" le cours magistral...

SM- Il y a parfois des cours magistraux. Mais nous n’utilisons pas le matériel informatique pour soutenir cette pratique devenue marginale en collège. Par exemple le vidéoprojecteur peut nous servir pour montrer une animation ou une image empruntée à un site internet mais pas question de transformer les cours en réunion animée à l’aide d’un diaporama . C’est la même chose pour les exerciseurs : c’est très bien pour la maison puisqu’ils peuvent s’en servir tout seuls. Nous ne souhaitons pas non plus de manuel électronique. On est satisfait des outils de la plate forme. Ils peuvent être complétés par des encyclopédies, des logiciels (comme Cabri, Sismolog), des banques d’exercices puisées sur les sites mutualistes.

FJ- Dans ce cas il faut que le professeur produise lui-même ses contenus. Ce n’est pas trop lourd ?

SM- Il n’est pas question de nous transformer en auteurs de manuels numériques. Pendant les séances de cours l’ordinateur a la même place que le bon vieux manuel papier : sur la table, parfois ouvert pour y puiser une activité, souvent fermé. On réutilise également des supports numériques qu’on possédait déjà .

FJ- Comment se passe la prise de notes des élèves ?

SM- Le papier reste un bon support pour la mémorisation. Pourquoi s’en priver ? Les élèves gardent leur cahier et leur manuel papier. Généralement, les collègues laissent le choix aux élèves entre la prise de notes classique ou avec traitement de texte. Mais cette deuxième pratique reste marginale. On préfère leur demander de rédiger et poster des résumés de cours sur la plate forme et de les partager.

FJ- Peut-on dégager un impact en terme de niveau scolaire ?

SM- C’est difficile de tirer des conclusions sur le niveau pour l’instant. Il est important de ne pas laisser l’élève consommer et de le responsabiliser. Il est évident que les élèves progressent au niveau informatique. On peut également supposer que des élèves qui deviennent plus autonomes, qui sont responsabilisés par rapport à leur formation et qui apprennent à s’auto-évaluer - tout ce que permet le cartable numérique- vont nécessairement progresser en terme de niveau scolaire.

FJ Peut on dire que le la plate forme amène les jeunes à réfléchir aux règles et à comprendre l’intérêt de les respecter ?

SM- On a eu la question des règles de communication. Au début les jeunes ont émis des messages dans tous les sens et... tous les styles. Il a fallu mettre les choses au point et expliquer que les échanges avec les professeurs nécessitent un langage soutenu. Ca n’a pas posé problème. Même hors temps scolaire c’est le même respect qu’à l’école.

FJ- N’y a t il pas le risque de produire des élèves inadaptés au lycée traditionnel ?

SM- S’ils disposent dans l’avenir du cartable en 4ème et en 3ème, on peut penser qu’ils auront des demandes en arrivant au lycée. Sans doute inviteront-ils davantage les profs à communiquer avec eux. Il faut bien comprendre qu’ils sont demandeurs et que prolonger le cours par un chat ou des messages leur paraît naturel. Ils sont prêts à écouter nos demandes. Mieux : quand les enseignants osent demander leur aide, ils se sentent responsabilisés et ça améliore la relation. C’est aux collègues à s’ouvrir à cette relation.

FJ- Comment le cartable a-t-il été accueilli par les profs ?

SM- L’équipe était volontaire et l’expérience a resserré les liens entre ses membres. Des profs qui utilisaient peu ou pas de logiciels pédagogiques en salle informatique ont rapidement évolué vers une utilisation de la plate forme pour communiquer avec l’élève à la maison. L’important c’est que les collègues soient rassurés : ce n’est pas une affaire de spécialiste. Il suffit de savoir naviguer sur internet et utiliser un traitement de texte pour se lancer.

Nous avons également bénéficié du soutien et de la confiance du principal du collège. Il nous a permis de gagner en efficacité en nous laissant dialoguer en direct avec les autres partenaires, conseil général, rectorat, concepteurs de la plate forme, en limitant la pression hiérarchique.

FJ- Les liens sont-ils devenus plus étroits avec les parents ?

SM- Nous avons formé les parents à l’utilisation de la plate forme et certains nous envoient régulièrement des messages au sujet de la scolarité de leurs enfants. La communication avec les familles est un axe de notre projet et nous en ferons une priorité l’année prochaine

FJ- Le conseil général justifie cet équipement par le souci de lutter contre la fracture numérique. L’objectif est-il atteint ?

SM- C’est trop tôt pour le dire, mais je pense que oui. Une partie des élèves avait ni ordinateur ni Internet et ils les ont découvert grâce au collège et avec l’aide de leurs camarades. C’est une façon de permettre à tous les élèves d’accéder aux nouveaux supports du savoir. Cependant il y a également des échecs. Certains décrocheurs ont été rattrapés mais pas tous. Certains sont trop déconnectés du milieu scolaire pour accepter l’échange même électronique.

FJ- Cette expérience a lieu à l’initiative du conseil général qui entre là un peu sur le terrain pédagogique. Pourtant elle est bien accueillie..

SM- Si ça marche c’est que le conseil général ne nous impose rien. On a le sentiment qu’il nous accompagne et qu’il nous aide, en accord avec l’académie. Nous avons la responsabilité pédagogique et nous savons que nous pouvons demander au conseil général de faire évoluer la plate forme en fonction de nos besoins. Là aussi il y a communication et écoute.

Entretien : François Jarraud

A voir...
Une présentation Powerpoint du projet :
http://www.cafepedagogique.net/pdf/tullins.ppt

La stratégie du Conseil général de l’Isère :
http://www.cg38.fr/pages/ind4349

L’accès à la plate forme
http://www.cartable-electronique.org/

Un article sur le cartable numérique dans le Café nà°18
http://www.cafepedagogique.net/disci/archives.php3?numero=18&discipline=pratiques


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