Préface
La longue histoire de l’humanité, sur tous les continents, a été marquée par des guerres fratricides et des conquêtes... L’Europe, dans le passé encore proche, n’a pas échappé à  cette folie des hommes, n’écoutant que trop tardivement ses philosophes et gens de lettres du grand "Siècle des Lumières", qui diffusaient déjà  une pensée à  la fois universelle et cosmopolite, c’est-à  -dire affirmant une essence commune à  tous les hommes de la terre quel que soient les environnements historiques et culturels très divers qui, d’un pays ou d’un continent à  l’autre, régissaient leur vie.
Il fallut attendre que deux tragédies mondiales ternissent à  jamais la première moitié du XXème siècle pour qu’enfin, l’action rejoignant désormais la pensée moderne, les pays d’Europe décident de tourner le dos définitivement à  cette logique séculaire des affrontements sans trêve.
Un soleil levant et un soleil couchant jamais ne se ressembleront ; et pourtant c’est bien le même soleil. La terre n’est pas au centre de l’univers et aucun pays n’est au centre de la terre. L’Europe a ainsi fait sa révolution copernicienne et, l’ère des empires coloniaux étant révolue, elle a choisi la coopération tous azimuts : à  l’intérieur de son propre espace bien sà  »r, dès le début des années 50, avec le résultat connu d’aujourd’hui, une Union Européenne forte de ses 15 membres, riche de ses diversités, et représentant un fort pôle d’attraction pour les nouvelles démocraties émergentes. Mais aussi en direction de tous les pays soucieux de réparer le monde de tant d’erreurs de l’Histoire, soucieux d’en trouver les équilibres dans le respect des diversités et des libertés, conscients que ces libertés ne se gèrent que par le développement des responsabilités elles-mêmes basées sur l’éducation et l’accès aux connaissances.
En ce sens, la coopération culturelle est un acte hautement politique - cosmopolitique aurait dit Jean-Jacques Rousseau - mais restons modestes ! Elle permet de se mieux comprendre, c’est devenu un lieu commun, mais plus encore elle développe de véritables complicités d’esprit et des amitiés solides, conditions indispensables aux échanges dans tous les autres domaines.
Complicités d’esprit... Ce resueuil de poèmes mahiyas traduits du pendjabi en cinq langues d’Europe, en est le fruit et je remercie ici tous ceux qui ont mis leurs sensibilités diverses à  l’unisson, pour en assurer la fabrication. C’est une belle oeuvre littéraire qui a aussi force de symbole : 15 pays de l’Union Européenne pour 15 mahiyas, autant de clins d’oeil d’intelligences partagées et adressées à  nos amis du Pakistan, ce pays islamique lui-même si riche de tant de langues et de cultures groupées autour de son grand fleuve, depuis des temps immémoriaux, depuis les plus hauts sommets du monde jusqu’au somptueux delta de l’Indus."
Présidence Française de l’Union Européenne
Islamabad, le 1er décembre 2000
Yannick Gérard
Ambassadeur de France